Test - Eldrador CREATURES Shadowfall : Quand les figurines s'animent en tactique

L'histoire des adaptations de jouets en jeux vidéo est généralement pavée de productions simplistes, alternant entre party-games basiques et platformers sans ambition. Wild River Games, studio allemand spécialisé dans les adaptations de licences jeunesse, prend ici un risque calculé en transformant les figurines Schleich en tactical-RPG.

Pour ceux qui ne connaîtraient pas la marque, Schleich est un fabricant allemand centenaire, particulièrement reconnu pour ses figurines d'animaux ultra-réalistes qui ont bercé l'enfance de nombreux parents. Avec la gamme Eldrador Creatures, l'entreprise s'est diversifiée dans l'heroic-fantasy, créant des créatures originales issues de quatre royaumes élémentaires distincts.

Ce qu'on a aimé

Des mécaniques de jeu étonnamment profondes

Le système de combat au tour par tour se révèle remarquablement bien pensé. Chaque créature dispose de deux actions par tour : un déplacement et une attaque. La simplicité apparente de cette structure cache une réelle profondeur stratégique avec des capacités uniques pour chaque créature, des effets de statut variés (brûlure, gel, poison), et un système de positionnement crucial permettant des combos tactiques satisfaisants.

L'utilisation intelligente du terrain, comme pousser les ennemis dans l'eau pour des dégâts critiques, ajoute une dimension stratégique supplémentaire qui ravira même les parents amateurs du genre.

Un monde riche et cohérent

L'univers d'Eldrador se compose de quatre royaumes distincts, chacun représentant un élément fondamental. Le royaume de glace au nord-ouest, la jungle luxuriante au sud-ouest, les montagnes escarpées au nord-est, et les terres de lave au sud-est créent un monde varié et cohérent.

Le "Plateau des Mondes" au centre sert de zone neutre où toutes les factions se rencontrent. Cette géographie soignée influence directement le gameplay : les terrains gelés ralentissent les ennemis, la lave inflige des dégâts continus, la végétation offre des zones de couverture. Cette intégration entre level design et mécaniques de jeu témoigne d'une réflexion poussée sur l'expérience ludique.

Une accessibilité réfléchie

Le système de difficulté à quatre paliers permet d'adapter précisément l'expérience aux capacités de chaque joueur. Les débutants peuvent activer des aides comme l'annulation des mouvements, tandis que les joueurs expérimentés trouveront un défi satisfaisant dans les niveaux supérieurs.

L'interface entièrement traduite en français (les screens ne sont pas révélateurs, désolé, on a joué en anglais avec l'héritier) permet aux jeunes lecteurs de suivre l'aventure sans difficulté, même si l'absence de doublage français limite l'accès aux plus jeunes non-lecteurs.

Ce qu'on n'est pas sûrs d'avoir aimé

Une progression parfois trop linéaire

Malgré la promesse d'un monde ouvert à explorer, la progression reste très guidée. Les chemins sont souvent bloqués par des ennemis de niveau supérieur, forçant les joueurs à suivre un parcours prédéfini.

Cette structure peut frustrer les joueurs plus expérimentés en quête de liberté, mais rassure les parents en garantissant une difficulté progressive adaptée aux enfants.

Un système de personnalisation simplifié

Le système de talents partagé entre toutes les créatures, bien que fonctionnel, manque parfois de profondeur. Les améliorations se limitent principalement à des augmentations de statistiques plutôt qu'à l'acquisition de nouvelles capacités. Cette approche simplifie la gestion pour les jeunes joueurs mais peut limiter l'intérêt à long terme pour les plus expérimentés.

Ce que l'on a moins aimé

Des limitations techniques évidentes

Les graphismes, bien que fidèles aux figurines originales, restent techniquement modestes. La bande sonore devient rapidement répétitive, avec des thèmes musicaux trop courts qui peuvent lasser sur la durée.

Ces aspects techniques en retrait rappellent les contraintes budgétaires typiques des jeux sous licence.

Une localisation incomplète

L'absence de doublage français est regrettable pour un titre visant les jeunes joueurs. Si les enfants sachant lire pourront suivre l'histoire grâce aux textes traduits, les plus jeunes risquent de passer à côté des dialogues et de l'humour du jeu. Cette limitation réduit significativement l'accessibilité pour une partie du public visé.

Crache ta figurine, Myrhdin

Eldrador CREATURES: Shadowfall réussit le pari audacieux de proposer un tactical-RPG accessible aux enfants tout en maintenant une profondeur stratégique satisfaisante. Malgré des limitations techniques et une localisation incomplète, le jeu offre une expérience de qualité qui pourra initier les plus jeunes aux jeux de stratégie tout en intéressant les parents.

À 39,99€ sur le Nintendo Store, 34,99€ en version digitale sur Xbox et PlayStation et 29,99€ sur Steam, le prix peut sembler élevé pour une aventure d'environ 8 heures, mais la rejouabilité et les différents niveaux de difficulté justifient l'investissement pour les familles en quête d'un jeu intelligent et formateur.

Ce test a été réalisé par Myrhdin avec une clé fournie par le constructeur. Sa rédaction n'est le fruit d'aucune transaction financière entre le rédacteur ou JeuxOnLine et le développeur, l'éditeur ou les entreprises les représentant.